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Freud, l'inconscient psychanalytique

1. L’inconscient n’est pas une partie de notre cerveau! D’abord parce que la pensée et le cerveau sont deux choses liées, mais différentes : je sais que je pense, mais je n’ai pas conscience d’avoir un cerveau… Il faut donc distinguer le niveau cérébral, celui qu’étudient la neurologie ou les sciences cognitives et le niveau psychique, du fonctionnement mental ou des facultés de la pensée qu’étudient la philosophie, la psychologie ou la psychanalyse.

 

2. Les topiques ne désignent pas des parties de notre pensée ! Pour rendre compte de la réalité de notre fonctionnement mental ou de nos comportements Freud propose des schémas explicatifs qui utilisent la métaphore spatiale, les topiques. Ces schémas mettent en jeu l’interaction entre des tendances (les instances psychiques : l’inconscient, la censure, le préconscient, le surmoi, le ça, le moi etc) qui sont représentée à la manière de lieux, de zones dans le psychisme. Il s’agit en réalité de processus, de tendances ou de forces et non de zones réelles à l’intérieur de la pensée, ce qui n’aurait aucun sens. La pensée est une seule et même chose, mais qui ne peut se comprendre que comme si elle était une forme de compromis entre diverses tendances internes.

 

3. Le concept-clé : Freud affirme l’existence d’un inconscient psychique. C’est-à-dire d’une activité de la pensée qui n’est pas accompagnée de conscience, qui est donc ignorée du sujet (l’inconscient c’est l’insu-du-sujet). Il ne faut donc pas confondre l’inconscient freudien avec les automatismes corporels dont Descartes donnait des exemples («il arrive que nous marchions ou que ne mangions sans penser en aucune façon à ce que nous faisons») ou les mécanismes cognitifs qu’étudient la neurologie (l’inconscient cognitif). C’est précisément cela le « scandale philosophique » de l’affirmation freudienne : la pensée ne se limite pas à la conscience que nous en prenons; mieux, nos pensées sont pour Freud l'expression de tendances inconscientes, donc porteuses de motivations ou de significations sur lesquelles nous nous leurrons (ce qui amène Freud à dire que : « Le Moi n’est seulement pas maître dans sa propre maison. »)

 

4. La première et la seconde topique. Les topiques sont des schémas qui s’efforcent de représenter la réalité complexe des processus mentaux. Elles utilisent le modèle simple de la représentation spatiale (comme s'il s'agissait des différentes pièces d'un appartement). La première topique s'efforce de décrire le processus de formation de nos pensées (tout se passe comme si…), la seconde la logique de nos comportements

Première topique : ICS // (PC / CS)

ICS : l’inconscient, lieu des pulsions et des tendances représentatives refoulées.

PC : le pré-conscient : ce qui n’est pas actuellement présent à ma conscience mais qui peut le devenir.

CS : le conscient (je), ce que je perçois ou pense actuellement.

L’ensemble (PC / CS) constitue ce que le sujet identifie comme étant son Moi, son être propre.

// : C’est la « barrière » de la censure, qui représente l’activité du refoulement à l’origine du clivage du psychisme. Refoulement : force qui tend à s’opposer au devenir conscient de certaines tendances.

 

5. L’inconscient n’est pas « le vrai moi » : Pour Freud, il n’y a qu’un Moi, l’être que j’ai conscience d’être. Ce que Freud ajoute c’est que le Moi ignore les tendances inconscientes qui le constituent. Ainsi les pensées conscientes sont conçues par Freud comme un point d’équilibre entre des forces psychiques distinctes et aux intérêts contradictoires :

Le ça, instance des pulsions, qui sont la source interne de l’excitation et de l’énergie psychique.

Le Surmoi qui représente des interdits, les exigences intériorisées de la Loi.

La réalité.

 

Le principe de plaisir : principe qui exprime la tendance du ça, c’est-à-dire la satisfaction.

Le principe de réalité : principe qui exprime la représentation par la conscience des contraintes ou des limites que lui impose le monde extérieur.

 

D’où la seconde topique :

      SURMOI

CA /  MOI / RÉALITÉ

 

 

Moi : l’instance de la perception, de soi et du monde, de l’état interne et externe, et qui emploie l’essentiel de son énergie à tenter de concilier les demande du Ca, les contraintes de la réalité et les exigences du Surmoi.

 

Commentaire de Freud sur la seconde topique : «Le moi ainsi pressé par le ça, opprimé par le surmoi, repoussé par la réalité, lutte pour accomplir sa tâche, rétablir l’harmonie entre les diverses forces et influences qui agissent en et sur lui : nous comprenons ainsi pourquoi nous sommes souvent forcés de nous écrier : «Ah, la vie n’est pas facile.»

 

6. Le principe de la démarche psychanalytique et le problème de la preuve de l’inconscient. Comment affirmer l’existence de ce qui par définition échappe à la conscience? Comment admettre un tel démenti de l’expérience vécue de la conscience de soi? Cette aporie semble nous renvoyer obligatoirement à la thèse de Descartes (1596-1650) qui identifie totalement la pensée et la conscience : «Par le nom de pensée j’entends tout ce qui est en nous de telle sorte que nous en sommes immédiatement connaissant par nous-mêmes». Dans cette perspective, un inconscient psychique (une pensée qui serait inconsciente) est totalement impossible et inconcevable: tout ce qui n’est pas pensée (res cogitans) est corps (res extensa) ou a sa cause dans le corps et dans ce qui affecte le corps. Dans cette analyse, l’angoisse, par exemple, est une passion au sens du XVII°: une tendance de l’âme à éprouver ou exprimer un état ayant son origine dans un état corporel, externe à l’âme.

Contre cette manière de voir le principe constant de la démarche Freudienne consiste à considérer que «tous les faits psychiques ont un sens» : toutes les productions mentales et tous les comportements, si étranges et absurdes soient-ils « veulent dire quelque chose », sont des expressions significatives. Il suffira que l’interprétation montre qu’un phénomène jugé insignifiant ou a-signifiant recèle une intention significative pour prouver qu'il existe des processus de pensée inconscients. La réussite de l’interprétation (d'un rêve par exemple) montre donc que la conscience n’est pas l’origine de tout ce qui a sens pour le sujet, ni le foyer unique de l’intention : il y a une activité intentionnelle inconsciente, une causalité inconsciente et ce qui a sens pour le sujet est plus vaste que ce dont il a conscience. L’herméneutique (la démarche d’interprétation) freudienne est ainsi une démystification des illusions du Moi.

 

DES EXEMPLES...

 

Les actes manqués, catégorie dont font partie les lapsus : ce sont les maladresses de comportement ou les erreurs de langage : si des actes sont manqués du point de vue de l’intention consciente, ce sont bien souvent des actes réussis du point de vue de l’inconscient : c’est le cas lorsque le lapsus est porteur d’un sens, ou lorsqu’une maladresse réalise un désir dont l’expression est interdite et qui doit être refoulé (d’où le thème freudien du retour du refoulé).

 

Les symptômes névrotiques ou psychotiques : ce sont pour Freud des expressions psychiques détournées d’un événement traumatique.

 

Les oublis : ils témoignent de l’activité du refoulement, qui a partie liée avec les intérêts du Moi. Le refoulement agit comme une force qui qui tend à éviter tout déplaisir à la partie consciente du psychisme. Les oublis de noms de personnes familières sont très caractéristiques de l’activité inconsciente. Freud propose de cesser de considérer l’oubli comme un échec de la mémoire volontaire et d’y voir au contraire l’activité d’une force (le refoulement) qui empêche le ressouvenir: si je ne me souviens pas, c’est que «je» ne veux pas me souvenir.

 

Les rêves : Freud distingue le contenu manifeste (le rêve tel qu’il se présente au souvenir conscient) et le contenu latent (caché) c’est-à-dire les pensées que le rêve exprime de façon figurée, détournée. Le rêve est énigmatique car les pensées qu’il contient ont subi un processus de déformation, de figuration qui fait du contenu manifeste un rébus à déchiffrer.

 

7. La Psychanalyse est-elle une philosophie ? La psychanalyse est d’abord une thérapeutique, une technique de soin (la cure). Mais c’est aussi une théorie du sujet qui conteste la conception classique. Pour Descartes, et plus généralement pour tous les philosophes qui font de la conscience de soi le principe de tout rapport à soi et au monde, l’homme est transparent à lui-même, libre et responsable de ses actes. Or s’il existe une causalité inconsciente, une intentionnalité inconsciente, les actes et les pensées ne peuvent plus être conçus comme le sujet en était purement et simplement l’auteur, l'origine absolue. Le concept d’inconscient psychique remet donc en question les plus fermes de nos convictions au sujet de la connaissance de soi, de la liberté et de la responsabilité.

Tag(s) : #FICHE NOTION
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